mercredi 18 janvier 2012

L’autoportrait caché de Leonard de Vinci

Depuis le 17 novembre, et jusqu’au 29 janvier 2012, se tient au palais royal de Venaria Reale, près de Turin, une exposition sur Léonard de Vinci, dans laquelle les visiteurs peuvent contempler son célèbre autoportrait en homme âgé, reproduit ci-dessus. Très rarement présenté au public en raison de sa fragilité, ce dessin à la craie rouge a en réalité un jumeau plus jeune, qui est demeuré caché pendant cinq siècles dans le Codex sur le vol des oiseaux, qui date de 1505.



ON a l'impression de le connaître déjà! 
et pourtant! 
Au départ, rien ne prouvait qu’il s’agissait d’un autoportrait de l’artiste. Celui-ci avait réalisé tant d’études et de dessins qu’il était bien difficile d’identifier qui que ce fût. C’était sans compter sur les outils modernes de traitement de l’image et la ténacité d’une physicienne italienne, Amelia Sparavigna, professeur à l’Ecole polytechnique de Turin. Comme celle-ci le retrace dans un article mis en ligne sur le site de chercheurs ArXiv, la “restauration” virtuelle de ce dessin caché s’est faite en trois étapes, récapitulées dans le montage ci-dessous :
En haut à gauche, nous avons le point de départ, c’est-à-dire la page du Codex sur le vol des oiseaux, remplie de l’écriture en miroir de Léonard de Vinci, sous laquelle on distingue assez aisément un nez. Comme le dessin a été réalisé à la craie rouge alors que le texte est rédigé avec une encre presque noire, la première étape a consisté à supprimer de l’image, grâce à un logiciel, tous les pixels les plus sombres, ce qui a mis le texte en blanc. Puis, dans un deuxième temps, le programme a été paramétré pour remplir tous ces blancs avec la couleur moyenne environnante, de manière à gommer complètement toute trace d’écriture (celles qui restent sont celles de l’encre au verso, qui se voit par transparence). Le résultat, en bas à gauche, étant assez peu contrasté, Amelia Sparavigna a eu l’idée d’utiliser un autre programme, Iris, écrit par l’excellent astronome amateur français, Christian Buil, qui s’est spécialisé dans l’imagerie numérique avant même que les appareils photo numériques existent… A l’origine, Iris a été conçu pour traiter les clichés pris au téléscope, mais rien n’empêche d’utiliser ce logiciel gratuit pour autre chose. La physicienne turinoise ne s’en est pas privée et a ainsi pu faire ressortir tous les détails du portrait, comme on le voit dans la dernière vignette, en bas à droite.
Restait à dire qui était cet homme assez jeune représenté dessus. Dans cette histoire, les dates et les apparences sont trompeuses. Le Codex date de 1505 et Léonard de Vinci a alors 53 ans. Mais on sait qu’il a recyclé, pour écrire une partie de ce texte, des feuilles dont il se servait pour dessiner dans les années 1480… A l’époque, il avait la trentaine, ce qui correspond mieux au visage découvert par Piero Angela. A l’inverse, il est difficile de croire que le Toscan, mort en 1519 à 67 ans, a jamais eu l’apparence de vieillard qui ressort de son célèbre autoportrait, réalisé aux alentours de 1512-1515. On suppose que l’artiste s’est délibérément ajouté quelques années en se dessinant… mais d’aucuns assurent que l’homme en question pourrait bien être son père ! Quoi qu’il en soit, la ressemblance entre les deux dessins est frappante, notamment au niveau du nez, fort et à plusieurs “étages”, et de la bouche un peu boudeuse. Comme, dans les deux cas, le portrait est de trois-quarts, Amelia Sparavigna a eu l’idée de continuer ses manœuvres informatiques et virtuelles, et d’utiliser un autre logiciel, GIMP (équivalent gratuit de Photoshop), pour superposer les deux visages. Voici ce que cela donne :
Comme l’écrit la physicienne italienne en conclusion de son article, “les deux visages semblent vraiment coïncider, en particulier les distances relatives des yeux, du nez et de la bouche, qui sont les mêmes” sur les deux dessins. Et vous, qu’en pensez-vous ?


4 commentaires:

Anonyme a dit…

il semble en effet que ce soit bien le même homme , et j'admire les technqies de restauration employée.
et j'admire tout ce que tu nous livred'intéressant sur ce blog petite Gwendoline...c'est passionnant et plus fcile à lire que parfois dans les livres...

merci de tout ça !!!

moi j'avais été fascinée par la reconstruction de la tête de Henri IV lorsqu'ils ont retrouvé son crâne, tout y était, c'est FASCINANT

la lecture ici est un moyen d'évasion dans le quotidien.. et j'aime que tu changes le décor en en tête :-))
bisous bisous

Tête de l'Art a dit…

merci Nanou! bizz

herbert a dit…

Bonjour, Gwendoline.

Merci beaucoup pour ce beau développement au son d'un harmonica qui fait rêver...

Le deuxième portrait est l'intérieur du premier...
Bonne journée.

Bisous

Tête de l'Art a dit…

on vient de retrouver aussi un profil de lui jeune ! mais je n'arrive pas à mettre la main dessus!pffffffff bizz