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jeudi 2 juin 2011

QUAND MATISSE PARLE



Par ARAGON




La Hongroise en blouse verte
d'Henri Matisse à Genève

Je défais de mes mains toutes le chevelures,
Le jour a les couleurs que lui donnent mes mains
Tout ce qu'enfle un soupir dans ma chambre est voilure
Et le rêve durable est mon regard demain

Toute fleur d'être nue est semblables aux captives
Qui font trembler les doigts par leur seule beauté
J'attends, je vois, je songe et le ciel qui dérive
Est simple devant moi comme une robe ôtée

J'explique sans les mots le pas qui fait la ronde,
J'explique le pied nu qu'a le vent effacé
J'explique le bonheur muet des plantes vertes
J'explique le silence étrange des maisons

J'explique infiniment l'ombre et la transparence
J'explique le toucher des femmes, leur éclat
J'explique un firmament d'objets par différence
J'explique le rapport des choses que voilà

J'explique le parfum des formes passagères
J'explique ce qui chanter le papier blanc
J'explique ce qui fait qu'une feuille est légère
Et les branches qui sont des bras un peu plus lents

Je rends à la lumière un tribut de justice
Immobile au milieu des malheurs de ce temps
Je peins l'espoir des yeux afin qu'Henri Matisse
Témoigne à l'avenir ce que l'homme en attend.

(Le Crève-Coeur)











widgeo.net

2 commentaires:

  1. Bonjour, Gwendoline.
    Oui, quand Matisse parle et qu'Aragon peint...

    Il suffit de se pénétrer de l'un et de l'autre...

    C'est pour l'anniversaire de Castor...

    Bon jeudi et merci beaucoup.

    Bisous

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