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jeudi 27 septembre 2012

Sa déclaration ...

A George Sand (I)

 

Te voilà revenu, dans mes nuits étoilées,
Bel ange aux yeux d'azur, aux paupières voilées,
Amour, mon bien suprême, et que j'avais perdu !
J'ai cru, pendant trois ans, te vaincre et te maudire,
Et toi, les yeux en pleurs, avec ton doux sourire,
Au chevet de mon lit, te voilà revenu.

Eh bien, deux mots de toi m'ont fait le roi du monde,
Mets la main sur mon cœur, sa blessure est profonde ;
Élargis-la, bel ange, et qu'il en soit brisé !
Jamais amant aimé, mourant sur sa maîtresse,
N'a sur des yeux plus noirs bu la céleste ivresse,
Nul sur un plus beau front ne t'a jamais baisé !
 Portrait de George Sand par Jean Gigoux


Portrait de George Sand par Jean Gigoux
“ALFRED DE MUSSET, de Paris, 7 décembre 1833.”

 — Oh ! Je me souviens bien maintenant, dit l'hôtelier, en relisant à son tour ce nom et un autre qui le précédait : ce joli jeune homme blond fut gravement malade ici. C'est le vieux docteur Santini qui le soigna.

— Un vieux docteur, dites-vous ?

— Toujours accompagné d'un aide, d'un jeune élève qui faisait les saignées et donnait les purgatifs, comme c'était alors l'usage à Venise, répliqua M. Danieli.

Il n'a pas toujours été un médecin si renommé, ce cher Pagello ; il avait fait un voyage à Paris d'où il revint très content avec un peu d'argent et une boite d'instruments pour broyer la pierre (Instruments de lithotritie).

.....


— Revenons à l'autre jeune homme blond, lui dis-je ; l'appartement où il demeura existe-t-il encore dans votre hôtel ?

— S'il existe ! Il est tout près de votre chambre...


Je ne pus m'empêcher de frissonner.


— Il porte le numéro 13, continua M. Danieli ; il est situé au fond de la grande galerie à gauche.


Je me levai aussitôt.


— Conduisez-moi, m'écriai-je, je désire voir de suite cet appartement.


— Oh ! C'est facile, il est vide comme tous les autres, hélas !


Portrait d'Alfred de Musset
Portrait d'Alfred de Musset
M. Danieli se fit apporter une clef et marcha devant moi.

Nous montâmes l'escalier de marbre orné de bustes, puis franchîmes la grande salle d'honneur du palais Bernardo-Nani, devenue une galerie de passage.

Nous parvînmes au fond de la galerie, devant le petit escalier en bois qui conduisait à ma chambre, pratiquée, comme je l'ai dit, dans des pièces à plafonds élevés dont on avait partagé la hauteur pour en faire deux entresols.

Nous tournâmes à l'angle gauche, où est une rampe à jour qui encadre et couronne le vestibule.

Nous étions devant la porte du numéro 13 ; M. Danieli ouvrit ; nous fîmes trois pas dans un petit passage, franchîmes une seconde porte, et nous nous trouvâmes dans la chambre où Alfred de Musset avait failli mourir à Venise.

11 commentaires:

  1. *** Un petit coucou chez toi Gwendoline !
    J'aime bien ton univers !
    Bonne fin de semaine à toi
    Pensées de Thaïlande ***

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  2. J'ai un livre vieux favori "Le Journal Intime de Geo. Sand." - Traducteur, Jenny Howe 1929. J'ai admiré essais personnels Sand et sa compétence en tant que a Flâneuse. L'image que me montre qu'elle était belle. Mes compliments.

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  3. Quelle femme, il doit être passionnant son journal intime!

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  4. Je dois être sacrément démodé, mais je reste, au fond, un romantique qui s'ignore et ce poème m'a beaucoup touché. On ne se refait pas.
    Belle fin de journée.
    Bises

    Roger

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    1. on est deux!un poème très émouvant pour moi aussi! bon dimanche! bizz

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  5. Merci pour George et pour Musset, merci de faire revivre les mots des grands, leur petite musique intime ...

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    1. La route de George Sand passe près de chez moi! c'est une vieille connaissance !

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