Pages

jeudi 6 mars 2014

Finissez vos phrases....




MONSIEUR A (avec chaleur) Oh ! Chère amie. Quelle chance de vous... 
MADAME B : (ravie) Très heureuse, moi aussi. Très heureuse de... vraiment oui ! 
MONSIEUR A : Comment allez, depuis que...? 
MADAME B : (très naturelle) Depuis que ? Eh bien ! J'ai continué, vous savez, j'ai continué à.... 
MONSIEUR A : Comme c'est ! ...Enfin, oui vraiment, je trouve que c'est... 
MADAME B : (modeste) Oh, n'exagérons rien ! C'est seulement, c'est uniquement... Je veux dire : ce n'est pas tellement, tellement... 
MONSIEUR A : (intrigué, mais sceptique) Pas tellement, pas tellement, vous croyez ? 
MADAME B : (restrictive) Du moins je le... je, je, je... Enfin!... 
MONSIEUR A : (avec admiration) Oui, je comprends : vous êtes trop, vous avez trop de... 
MADAME B : (toujours modeste, mais flattée) Mais non, mais non : plutôt pas assez... 
MONSIEUR A : (réconfortant) Taisez-vous donc ! Vous n'allez pas nous... ? 
MADAME B : (riant franchement) Non ! Non ! Je n'irai pas jusque là ! 
Un temps très long, ils se regardent l'un l'autre en souriant. 
MONSIEUR A : Mais au fait, puis-je vous demander où vous...? 
MADAME B : (très précise et décidée) Mais pas de ! Non, non, rien, rien. Je vais jusqu'au, pour aller chercher mon. Puis je reviens à la. 
MONSIEUR A : (engageant et galant, offrant son bras) Me permettez-vous de... ? 
MADAME B : Mais, bien entendu ! Nous ferons ensemble un bout de. 
MONSIEUR A : Parfait, parfait ! Alors, je vous en prie. Veuillez passer par ! Je vous suis. Mais à cette heure-ci, attention à, attention aux ! 
MADAME B : (acceptant son bras, soudain volubile) Vous avez bien raison. C'est pourquoi je suis toujours très. Je pense encore à mon pauvre. Il allait, comme ça, sans, -ou plutôt avec. Et tout à coup, voilà que ! Ah la la ! Brusquement ! Parfaitement. C'est comme ça que. Oh ! J'y pense, j'y pense ! Lui qui ! Avoir eu tant de ! Et voilà que plus ! Et moi je, moi je, moi je ! 
MONSIEUR A : Pauvre chère ! Pauvre lui ! Pauvre vous ! 
MADAME B : (soupirant) Hélas oui ! Voilà le mot ! C'est cela ! 
Une voiture passe vivement, en klaxonnant. 
MONSIEUR A : (tirant vivement madame B en arrière) Attention ! Voilà une ! 
Autre voiture, en sans inverse. Klaxon. 
MADAME B : En voilà une autre ! 
MONSIEUR A : Que de ! Que de ! Ici pourtant ! On dirait que ! 
MADAME B : Eh bien ! Quelle chance ! Sans vous, aujourd'hui, je ! 
MONSIEUR A : Vous êtes trop ! Vous êtes vraiment trop ! (Soudain changeant de ton. Presque confidentiel) Mais si vous n'êtes pas, si vous n'avez pas, ou plutôt : si, vous avez, puis-je vous offrir un ? 
MADAME B : Volontiers. Ca sera une ! Comme de nouveau si... 
MONSIEUR A : (achevant) Pour ainsi dire. Oui. Tenez, voici justement un. Asseyons-nous ! 
(Ils s'assoient à la terrasse du café)

Jean Tardieu...

7 commentaires:

  1. Clever Jean Tardieu! Je vois les personnages, les lieux, et presque l'objet de leur discussion - insaisissable.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Et pourtant tout à fait compréhensible....belle journée...du soleil ici!

      Supprimer
  2. J'ai un peu l'impression de reconnaitre... :-)

    RépondreSupprimer
  3. Je viens te dire bonsoir
    BISOU BISOU

    RépondreSupprimer